Petit bouton de rose
Savez-vous que le clitoris n’est pas juste ce « petit bouton » qui dépasse de la vulve des femmes ?
Ce fameux bouton de rose recouvert d’un capuchon n’est en fait que la partie émergée de l’iceberg !
Il se continue à l’intérieur avec un coude, deux piliers et deux bulbes et mesure de 8 à 12 cm en moyenne ; en fait il ne vieillit pas et continue de croître tout au long de la vie !
Il possède 2 jambes (corps spongieux) qui encerclent le vagin et se gonflent de sang pendant l’excitation ce qui permet de comprimer le vagin et d’aider à la lubrification.
En fait, ce n’est qu’à la 12ème semaine de vie fœtale que les organes génitaux se différencient en un pénis ou un clitoris !
Voilà pourquoi il y a tant de similitudes entre les deux organes et sachez que dans le clitoris se trouvent deux fois plus de terminaisons nerveuses (8000 environ) que sur le gland de l’homme, ce qui explique son extrême sensibilité ! C’est en fait le seul organe dédié principalement au plaisir ! Ce qui explique peut-être pourquoi son anatomie est restée très longtemps si mystérieuse…
Il a commencé à être évoqué dans un guide en 1486 : « le Malleus maleficarum » qui affirmait que le clitoris était le téton du diable et que si la femme en possédait un, c’est qu’elle était à coup sûr une sorcière ! Autant vous dire qu’il valait mieux ne rien dévoiler !
Il a été décrit pour la première fois en 1559 par un anatomiste italien Matteo Colombo (un inspecteur pas comme les autres 😂) comme un organe à part entière et reconnu comme responsable du plaisir féminin.
Puis au cours des siècles suivants, il a été de nouveau oublié pour réapparaître 3 siècles plus tard avec Sigmund Freud (le père de la psychanalyse) qui pensait que l’orgasme clitoridien était non abouti, pour faire court , en quelque sorte « immature » et devait être supplanté par l’orgasme vaginal à l’âge adulte, au risque de devenir hystérique !
La société médicale de Londres approuvait du reste l’ablation du clitoris pour prévenir l’hystérie et la masturbation jusqu’en 1937 !
Marie Bonaparte (arrière petite fille de Napoléon et disciple de Freud) a lutté toute sa vie contre sa propre frigidité et s’est fait greffer son clitoris dans le vagin pensant que c’était l’endroit correct pour obtenir du plaisir, en vain !
Le clitoris disparaît alors, de nouveau, même des pages du dictionnaire, telle une excision psychique ! 🙄
Puis dans les années 1970, les féministes s’en emparent pour casser le mythe de l’orgasme vaginal, seul et unique orgasme possible qui nécessiterait une pénétration ! 🤔
Dans les années 1980, le célèbre gynécologue allemand Greffenberg découvre le fameux point G, zone érogène de la paroi antérieure du vagin près de l’urètre, possédant de nombreuses terminaisons nerveuses (tiens, tiens, mais ne serait ce pas les bulles du clitoris ?) et une glande restante équivalente à la prostate chez l’homme et qui, si les muscles du plancher pelvien sont suffisamment forts, permettent des orgasmes puissants accompagnés de la libération d’un liquide vésical, parfois impressionnant et qui n’est pas de l’urine comme beaucoup l’ont cru pendant des années, d’où le nom des fameuses femmes « fontaines », parfois perçues comme des bêtes de foire !
À noter que cette réaction tout à fait physiologique et qui devrait être totalement accueillie par les hommes comme par les femmes elles-mêmes, nécessite un vrai lâcher prise, à la fois physique et mental, tout simplement indispensable à l’orgasme.
Voilà malheureusement ce qu’amènent des années de tabou, de honte (passage du nerf « honteux » dans cette région du corps si longtemps diabolisée : oui , oui , vous ne rêvez pas ! )
Il faudra encore attendre presque 20 ans en 1998 pour qu’une urologue australienne Helen O’ Connell ait l’idée de faire une imagerie par résonance magnétique du clitoris et que l’on découvre réellement son envergure ! 👍
Et en France, il faudra attendre 10 ans de plus en 2008, pour que la gynécologue Odile Buisson ait l’envie de faire la première échographie du clitoris, idée qui lui semblait totalement saugrenue !
Intéressant non ?!
Notons enfin qu’en 2017, le clitoris apparaît pour la 1ère fois dans un manuel scolaire !
Nous voyons bien qu’il y a encore fort à faire en matière d’éducation dans ce domaine ! 🧐
Force est de constater, d’après son histoire sinueuse et tourmentée, que ce petit organe, qui est loin d’être si « petit » et qui peut amener à des orgasmes très nombreux et puissants, désemparant peut-être la gent masculine 🤔, demeure un enjeu très fort et sociétal puisque l’on sait qu’il existe encore dans le monde 200 millions de femmes excisées, des milliers en France avec des dégâts considérables tant physiques (douleurs, hémorragies, infections, problèmes urinaires…) que psychologiques.
Ceci est un débat de grande envergure, un débat pour la libération des femmes, l’importance pour elles comme pour les hommes d’ailleurs, de connaître leur anatomie, de savoir l’apprécier, l’honorer, de pouvoir être fière d’être une femme avec toutes ses facettes comprenant les nombreuses fluctuations hormonales, de retrouver l’importance de ce « sacré » qu’elles portent depuis la nuit des temps et qui est à l’origine même de la vie, ne l’oublions pas !
Il est indispensable pour les femmes de pouvoir savourer et jouir pleinement de leur corps et surtout de se réconcilier avec le masculin…
La guerre est terminée. Une page doit être tournée.
Peut-être avons-nous besoin, en tant qu’êtres humains, d’accueillir déjà et de réconcilier en nous, nos pôles féminins et masculins et avons surtout besoin de respect et d’émerveillement de nos différences, pour un épanouissement profond et une meilleure santé mentale et physique !
Puissions -nous ouvrir nos cœurs à la découverte de l’autre quelque soit son sexe…
Voilà mon vœu le plus cher pour les années à venir !
Christelle Desabres, masseur kinésithérapeute, spécialiste du périnée.