D’une conscience à l’autre, avant la mort
Nous entendons parfois parler de nombreux cas où une personne dit avoir communiqué intérieurement avec la conscience d’un autre… Témoignage d’une psychologue de sa propre expérience avec un patient en fin de vie, qui nous montre que les capacités de notre conscience sont probablement plus vastes que nous ne l’imaginons.
J’accompagne, en tant que psychologue, un jeune homme atteint d’une maladie mettant sa vie en jeu. Quelques jours avant le pronostic létal, il me dit qu’il sait qu’il veut vivre, mais son corps est déjà bien fatigué et il est transféré dans une unité de soins palliatifs. Les mois précédents ont mis en évidence sa difficulté à faire ce choix, de vivre après les souffrances vécues. Mais ce dont je veux témoigner ici c’est de ce qui s’est passé pour moi, au moment de son Passage…
Ce lundi matin je vais le voir dans l’institut de soins palliatifs dans lequel il est hospitalisé. Mais il est dans le coma. En écrivant, je m’aperçois que j’ai mis « mais », oui, pour moi cela semble entraîner une différence, pourtant je fais mon travail, je suis là pour lui. Alors je le prends ce temps avec lui. Je le masse, comme il nous arrivait de le faire lors de nos rencontres, je lui parle, comme à notre habitude. Je note sous mes mains que sa « matière » est plus légère, fluide, douce, plus vaporeuse peut-être… Je m’entends chanter une chanson, moi qui chante peu, si peu… pourtant, c’est juste, ça se fait et je lui dis que je repasserai jeudi « si vous êtes toujours là » et je lui souhaite « un bon voyage ». En souriant, je termine en lui disant « qu’il me prévienne quand il est arrivé ». Non croyant, d’esprit et de métier scientifique, il disait retourner dans le « Rien ».
Le soir, ayant décalé mon agenda, c’est fort tard, seule, que je m’assois à ma table pour boire une soupe. Il est 23h. Et là je m’entends lui parler en regardant devant et en hauteur par rapport à ma position assise. Je regarde au niveau d’un tableau accroché sur le mur. Je ne me souviens pas de tout mais je m’entends lui dire « qu’il a l’air apaisé et heureux, que cela me fait plaisir, que je lui souhaite bonne route »…
De là, je ne sais pas comment je me retrouve sous la douche en me disant que ce doit être un mécanisme de défense (la psy reprend le dessus) lié à l’insupportable de sa mort. Ma tête ne veut pas entendre ce que mon cœur-corps a vécu.
C’est le lendemain matin que j’apprends, via l’assistance sociale, que ce monsieur était parti à 23h05, calmement, entouré de sa famille. Impossible. Mais dans l’ascenseur je souris : « Un possible », dirait une bonne thérapeute… Alors je me suis dit que je devais accepter l’invraisemblable. La vie après la vie. La vie en continuité. Juste cela.
Depuis, le temps a passé et je m’étais promis de l’écrire… pour lui dédicacer cette ouverture de conscience… merci à Lui, pour l’éternité qu’il en soit remercié.
Soraya