Méditation de l'Eau

Dans l’idéal avoir un verre d’eau et une carafe d’eau a coté de soi.

 

Méditation guidée par Soraya Melter

Musique :

Michel Garnier auteur et compositeur et interprète
Pakoune et Sandrine Rondot interprète

www.mariedemagdala.net


Soraya Melter : Initiation à l’écoute


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Capucine et Soraya 3 : «il fait beau»

il fait beau

-Épisode 3-

Capucine, 39 ans, atteinte d’un myélome, dialogue avec Soraya, psychologue clinicienne. Cet échange entre la praticienne et sa patiente est une invitation à regarder la maladie comme source d’un renouvellement du sens de la vie.

Capucine : J’adore me lever le matin, commencer une nouvelle journée, comme si elle m’était offerte à portée de main. Quand j’ouvre le velux et que je dois fermer les yeux, car le ciel est d’un bleu éblouissant, je sens la vie éclater en moi.

Soraya : Combien de fois j’entends un patient me dire alors qu’il est hospi-talisé : «J’aimerais juste ouvrir cette fenêtre, sentir l’air sur ma peau ! Je n’en peux plus d’être enfermé ! » Ce dont tu témoignes, Capucine, me fait penser à la chanson de Pierre Perret « Quand le soleil entre dans ma maison », qui est une célébration de ce moment privilégié où l’on ouvre les yeux sur le monde et sur la vie.

Capucine : Quand j’ai eu mon autogreffe, il n’y avait pas de douche dans la chambre. Je me souviens de la première douche que j’ai prise à ma sortie, du contact de l’eau. C’était le grand bonheur, juste l’eau qui coule sur la peau. Quand j’avais 15 ans, une de mes amies m’a dit une phrase qui m’a accompagnée jusqu’à aujourd’hui : « C’est moi qui choisis la hauteur de la barre de mon bonheur.» Je peux la mettre très, très haute comme je peux aussi la placer assez basse, pour pouvoir aisément accéder à chaque petite joie que je rencontre sur mon chemin. C’est une question de choix.

Soraya : Oser ressentir, percevoir la vie avec l’ouverture de tous ses sens, c’est s’autoriser de nouveau à une forme de simplicité. Une simplicité qui rend heureux. Alors que nous disposons de plein de choses à portée de main, nous attendons « les vacances » ou « qu’un de nos projets se réalise ». Je retiens de mon expérience clinique qu’énormément de dépressions surviennent chez des personnes qui avaient obtenu tout ce qu’elles planifiaient d’avoir (maison, vie de couple, enfants…). Cela signifie que le bonheur ne se place pas à cet endroit. Un ami qui a doublé le Cap Horn (quatre jours de grosse mer), m’a dit qu’il avait trouvé LA définition du Bonheur : « C’est quand ton lit ne bouge pas ». Peut-être qu’une bonne douche prise en conscience, c’est du bonheur capitalisé !

Capucine : Voir la beauté de l’univers, tous les micro-changements de l’existence, me rassure aussi sur ma place dans le monde. Je me sens partie prenante de l’univers, je suis ce mouvement. Après avoir été spectatrice de ma propre existence, je ne veux surtout plus oublier d’être partie prenante de ce mouvement de vie.

Soraya : Je trouve ça génial que tu parles de micro-changements ! Nous avons oublié qu’un micro-changement est un changement, sauf que nous sommes incapables de le percevoir. Nous sommes tellement pris dans nos problèmes, dans nos peurs, que nous ne voyons pas les micro-changements, mais ils sont finalement la vie qui change, se transforme, évolue de manière invisible, jusqu’à un certain niveau où de nouveau la beauté de l’univers et de l’existence nous (re)devient perceptible.

Par Capucine, Soraya et Morgane

AF3M Bulletin N°32        www.af3m.org


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Capucine et Soraya 2 : «éloge de la lenteur»

Eloge de la lenteur

-Épisode 2-

Capucine, 39 ans, atteinte d’un myélome, dialogue avec Soraya, psychologue clinicienne. Cet échange entre la praticienne et sa patiente est une invitation à regarder la maladie comme source d’un renouvellement du sens de la vie.

Capucine : Je suis lente. Avant la maladie, je ne le me permettais pas, tout s’enchaînait à vitesse grand V : le travail, les enfants, la vie de couple … et, tout à coup, je suis devenue « Patiente », avec toute ma «vie d’avant » comme suspendue et une nouvelle vie à construire. Et là, paradoxalement, j’ai eu un besoin énorme de prendre du temps, car la vie qu’on tient entre nos mains, elle est ici et maintenant. Je m’autorise désormais à m’extraire du quotidien pour regarder et profiter. Quand je me promène, je m’arrête et j’écoute les oiseaux. Je suis vivante, ici et maintenant, je côtoie cette beauté, elle est là, entièrement disponible, rien que pour moi ! Quand on est malade, le bonheur de vivre intensément les joies quotidiennes permet de contre-balancer le poids de notre épée de Damoclès, voire de l’oublier.

Soraya : Comme toi, de nombreux patients témoignent de leur vécu en disant se retrouver « arrêtés » : arrêtés parce que le traumatisme fait effraction dans leur vie, parce qu’il n’est plus possible de faire « comme avant ». Il va falloir s’adapter aux contraintes engendrées par la maladie et les traitements, mais aussi s’autoriser à créer une nouvelle vie, un nouvel espace en soi et autour de soi. Tu nous révèles que tu regardes, comme si tes yeux pouvaient s’ouvrir plus grands et que la réalité qui était déjà là, en amont, s’offrait à toi de manière amplifiée. Tu nous apprends que la maladie nous rend présents à la vie, d’une manière plus intense, parce nous avons alors la révélation de la mort, et donc la conscience de la brièveté de notre existence.

Capucine : La certitude de la mort en a fait émerger une multitude d’autres : la Vie, l’Amour, la Joie, comme une évidence. Celle de ne pas craindre la mort – ou plutôt de la craindre en la mettant à sa juste place – permet de vivre la vie là où elle est, ici et maintenant.

 Soraya : Tu reprends les mots de Krishna-murti : « Vivre c’est mourir et alors on vit ». C’est-à-dire, qu’à partir du moment où j’accepte que je suis mortel, il y a une part de l’existence qui s’offre à un haut de degré que l’on pourrait appeler « L’éternité de l’instant ». C’est sans doute l’un des cadeaux les plus précieux que nous apporte la maladie. Ton expérience nous révèle cette capacité à vivre le présent à un haut degré d’intensité. Tout comme les enfants. Ils sont complètement absorbés dans leur expérience. Quand nous nous disons : « Je suis heureux », nous sortons de l’expérience et nous retournons dans la réflexion. Le chemin dont tu parles, c’est comment passer de la réflexion (« ce que je pense de ma vie ») au vécu sensible (« vivre ma vie »). Quand je vis ma vie, quelque part Damoclès s’éloigne.

Par Capucine, Soraya et Morgane

AF3M Bulletin N°32        www.af3m.org


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Capucine et Soraya 1 :«Vieillir est un cadeau»

Vieillir est un cadeau

-Épisode 1-

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Capucine, 39 ans, atteinte d’un myélome, dialogue avec Soraya, psychologue clinicienne. Cet échange entre la praticienne et sa patiente est une invitation à regarder la maladie comme source d’un renouvellement du sens de la vie.

Ça y est, j’ai 39 ans, c’est mon troisième anniversaire depuis que mon myélome s’est déclaré. Avant j’étais indifférente aux anniversaires, mais quand on est en sursis, quelle victoire sur la maladie que de les célébrer ! Quelle joie d’avoir la chance de vieillir ! Célébrer ce jour est important pour moi, car c’est ceux que j’aime qui chantent mon anniversaire, et cette reconnaissance extérieure des années qui passent m’aide à croire à mon futur.

La joie de compter les années qui passent me ramène à une citation que j’aimais beaucoup : «Vieillir, c’est le seul moyen que j’ai trouvé pour ne pas mourir jeune». À une époque où le vieillissement est dévalorisé, la maladie permet, au contraire, d’entrer dans une logique où vieillir devient possibilité d’être en vie. Prendre conscience de notre inscription dans le temps qui passe est une étape nécessaire pour s’inscrire au sein de sa propre vie. Mais aussi pour déterminer les priorités dans ses actions. Nous sommes tous débordés par des activités chronophages et la maladie aide à se centrer sur l’essentiel, c’est-à-dire pour la plupart des patients, à partager des moments intenses avec ceux qu’ils aiment.

Capucine, tu nous partages la difficulté d’espérer à nouveau, comme si peu à peu la réalité prenait le pas sur la part du rêve. Il me semble important que ces temps fêtés puissent poser quelque chose pour qu’une réalité du futur advienne.

Je peux aussi témoigner d’une autre expérience sur l’interprétation des signes de vieillesse. Lors de mon cours de Pilates, une dame d’un certain âge m’a lancé : «Toi, tu as de la chance de ne pas avoir de rides !». Et moi, j’ai fondu en larmes : « J’aimerais bien avoir des rides, c’est beau, les rides. Beaucoup de gens pensent que c’est triste de vieillir, mais moi je n’ai qu’une seule envie, c’est d’avoir des rides… Sauf que je n’ose pas me projeter dans le grand âge.» Aujourd’hui, quand je vois les changements sur mon visage, j’aime ça : «J’ai pris une ride, trop chouette !»

Ton témoignage nous rappelle que les expressions du vivant s’inscrivent dans le corps et font trace de toute l’existence qui a été traversée par chacun d’entre nous. Le proverbe africain dit : «Quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle» . En Occident, nous oublions parfois que vieillir c’est tout ce chemin d’expériences emmagasinées. Cela nous ouvre à une autre beauté, celle que, toi, Capucine, tu perçois dans le visage de cette femme. La maladie t’a permis de prendre conscience de ce compte à rebours qui offre l’opportunité de se recentrer sur ce qui compte dans la Vie. Avoir éprouvé dans sa chair que la vie est éphémère permet de toucher ce qui est éternel.

Par Capucine et Soraya

AF3M Bulletin N°32        www.af3m.org